Aujourd’hui, je vais vous parler d’un sujet très personnel. C’est un thème que je n’aborde pas souvent, dont je n’ai pas spécialement envie de parler. Il s’agit de la dépression. Parce que je vois de plus en plus de personnes autour de moi en souffrir, parce que mon fil Twitter est rempli de personnes en pleine dépression. Parce que je me dis que c’est important aussi d’en parler, pas pour moi, mais pour peut-être aider d’autres personnes à se sentir moins seules et moins démunies.
Accepter l’idée que l’on est déprimé
Pendant des années, je ne disais pas que j’étais déprimée. « Hé, la dépression, c’est quand tu n’arrives pas à sortir de ton lit, que tu ne manges plus et que tu n’as plus un seul moment où tu souris ». Du moins, c’est l’idée que j’en avais. Et ce n’était pas tout à fait comme cela que je le vivais. J’avais des moments d’éclaircie, donc je ne devais pas être déprimée, ce devait être autre chose.
Jusqu’au jour où je me suis retrouvée à l’hôpital parce que, finalement, cette autre chose prenait beaucoup trop de place dans ce qui était censé être ma vie.
Et là encore, j’ai refusé l’idée. « Non, maintenant, ça va aller mieux, promis je ne recommencerai pas ». Je suis du style à tenir mes promesses. Celle-là aussi. Et j’en ai parfois salement bavé… Mais je suis toujours là.
Des bas, des hauts… et encore des bas
Je ne sais pas si ma manière de vivre ma dépression est classique. Oui, il y a encore des jours où j’arrive à sourire. Oui, j’ai encore envie de vivre certaines choses. Oui, je parviens à apprécier de chouettes moments.
Quand ces moments positifs se font de plus en plus rares, quand tout ce qui me reste en tête, autour de moi, c’est juste une brume noire de désespoir, de désinvestissement et de désabusement, quand cette période dure… C’est en général là où je me décide à consulter.
Je n’aime pas parler de ma dépression. Même à mon médecin. Parce que j’ai l’impression que si je dis vraiment ce que j’ai dans la tête, la manière dont je vois le monde et la vie, je vais juste réussir à décourager tout le monde et à générer une vague de suicide. Parce que, je ne vois toujours pas comment on peut avoir envie de vivre…
Et pourtant, je continue.
Un jour à la fois
Il paraît que je me pose trop de questions. Que je me fais des films, que je réfléchis trop. Je devrais sans doute plus me laisser porter. Mais je n’y arrive pas.
Non, c’est faux.
J’y arrive. Par moments. Quand je suis en train d’écrire et que je m’extrais du monde. Quand j’arrive à réellement être dans un moment, sans tout analyser, sans penser plus loin. Ce sont des moments de répit. Et je les savoure.
Je ne veux pas dire que chaque jour est un combat. Parfois, j’en passe plusieurs sans me demander une seule fois pourquoi je continue. D’autres jours, j’ai vraiment besoin de me repasser la liste des raisons qui me maintiennent au monde. Même si, dans mes pires moments, elles me semblent absurdes. Parce que je parviens encore à me rappeler que ce n’est pas toujours le cas.
Il faut vivre un jour à la fois. C’est ma seule manière de ne pas m’enfoncer.
Pourquoi il faut en parler
C’est dur de reconnaître que l’on va mal. Cela ne fait pas partie de notre culture, les autres n’ont pas envie de l’entendre. Moi, j’ai tendance à jouer les super-woman, toujours souriante, active, déterminée, optimiste. Ce n’est pas seulement l’image que je veux donner de moi, c’est ainsi que j’ai envie d’être.
Mais, je l’avoue, quand j’apprends que d’autres personnes, parfois des femmes que j’admire, avouent qu’elles aussi ressentent cet abandon du goût de vivre, ça me permet de me dire « ça va, je ne suis pas si anormale, je ne mérite pas d’être clouée au fond d’un cachot pour mes idées sombres ».
C’est aussi pour cela que j’en parle aujourd’hui. Pour que tous ceux qui me lisent puissent se dire qu’ils ne sont pas seuls. Ce n’est pas grand-chose, mais je crois que chaque petit geste a son importance.
Et il faut en parler. Parce que c’est une maladie (même si une part de mon cerveau continue à susurrer que ce sont les autres qui sont malades de ne pas comprendre à quel point rien n’a de sens). Et que les maladies, on les soigne. D’une manière ou d’une autre.
Je ne suis pas guérie. J’ai eu des périodes de rémission. Je ne sais pas si j’en sortirai complètement un jour. Mais je suis toujours là. Et vous aussi !
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