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Comment vivre une séance de dédicace quand on est introverti

Bonjour vous ! Si vous savez à quel point ces simples mots m’obligent à sortir de ma zone de confort, vous me comprenez. Oui, je suis une introvertie, et je l’assume. Et même que cela ne m’a pas empêché de vivre plein de salons et de séances de dédicaces en 2018 (18, si mes comptes sont corrects). Comment j’ai traversé tout ça et comment aller volontairement dans des endroits plein de monde alors que notre seul rêve dans la vie c’est de rester enfermé avec un livre et une théière pleine ?

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C’est quoi être introverti ?

Comme toujours, on commence par les bases, c’est-à-dire les définitions. Parce que, non, tout le monde ne sait pas ce que c’est une personne introvertie (vous le saviez, vous?).

Si je voulais faire simple, je me contenterais de dire que c’est le contraire d’une personne extravertie. Vous savez, ces gens qui adorent voir du monde, qui attirent l’attention, parlent fort, sont toujours en train de plaisanter et qui ont plein d’amis ?

Une personne introvertie, c’est l’inverse. « oui, c’est quelqu’un de timide, quoi » diront la plupart des gens. En réalité, c’est beaucoup plus complexe que cela. À tel point qu’il y a même eu des études scientifiques sur le sujet (si, si, même moi je suis étonnée).

Donc, en gros, tout se joue dans le cerveau. La chimie du cerveau d’un introverti est différent. Ah ben tout de suite, si c’est médical, ce n’est plus la même chose, n’est-ce pas !

Et concrètement, comment ça se passe pour une personne introvertie ?

Une personne introvertie, comme moi, sera nettement plus à l’aise en petits comités qu’au milieu de la foule (voire même seule). Les interactions sociales deviennent physiquement et mentalement épuisantes. À tel point que le besoin de s’isoler pour recharger les batteries devient absolument nécessaire.

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Pire, elle va passer son temps à tout sur-analyser. Vous vous rappelez quand vous étiez adolescent et que vous trouviez la réplique qui tue trois heures après ? C’est la même chose… en permanence. C’est-à-dire qu’on va se demander perpétuellement si on a dit ce qu’il fallait, avec le bon ton, si on a été bien compris, et se fustiger pendant des mois (oui, pas des heures, des mois ou même des années) pour une réplique maladroite. Ou que l’on se retrouve à sortir des répliques pourries parce qu’on a l’impression que c’est ainsi que les gens normaux agissent (je ne sais toujours pas pourquoi à 16 ans j’ai pu demander à un garçon qui me plaisait et qui m’interrogeait sur mon prénom « à ton avis c’est quoi ? ». J’avais vu ça dans un film, j’avais trouvé ça mystérieux et séduisant. En vrai, c’était ridicule. Et, oui, j’y pense encore).

Mais alors, comment ça se passe quand on fait des dédicaces ?

Une séance de dédicaces, et plus encore un salon, c’est l’assurance d’être au milieu de plein de personnes, d’inconnus avec lesquels il faudra parler et faire bonne impression.

Autant vous dire que, dans ces circonstances, vouloir participer à des salons littéraires, c’est comme décider d’entamer une course d’obstacles alors qu’on est en pleine amputation du gros orteil. C’est douloureux et le résultat est loin d’être garanti !

Or, beaucoup d’autrices et d’auteurs sont justement des introvertis. Pas de bol, hein ! C’est ainsi que l’on voit ces masochistes vissés sur leur chaise, le nez plongé dans un livre pour ne pas rencontrer un regard, ou fixant les passants sans oser leur adresser la parole. Heureusement, ce n’est plus la majorité, parce que genre d’attitude se rapproche bel et bien du carnage.

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Pour qu’un salon soit réussi, il faut s’autoriser à aller à la rencontre des lecteurs. Accepter aussi de se prendre de nombreuses claques virtuelles. Et se permettre de ne pas être parfait (un salon, c’est un speed dating permanent. Vous ne pourrez pas séduire tout le monde, de toute manière).

Ce que j’ai appris au fil des salons

Bizarrement, ces salons m’ont fait progresser. Je ne suis toujours pas une grande fan des grands groupes, et il m’arrive encore trop souvent d’avoir envie de me cacher dans un trou après avoir parlé et dit n’importe quoi, mais j’ai appris que j’étais capable d’interpeller des gens que je ne connaissais pas et d’échanger cinq phrases polies avec eux sans que mon corps n’entre en combustion spontanée.

J’ai fait de belles rencontres, eu de beaux échanges, comme autant de petites fenêtres qui s’ouvrent sur la vie des gens qui discutent avec moi lors des ces séances.

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Oui, j’utilise peut-être cinquante fois sur la journée les mêmes phrases d’accroche (et ça aide pas mal d’avoir ces échelles de secours auxquelles se rattraper pour affronter la course d’obstacles). Mais je m’intéresse aussi vraiment aux gens en face de moi et je suis reconnaissante du temps qu’ils m’offrent de leur côté.

Je sais aussi que ce genre d’événements est à la fois très porteur pour moi, et particulièrement épuisant aussi. Après une séance, je n’ai pas envie de parler, pas même à mes proches (je fais pourtant des efforts, rassurez-vous, je ne me transforme pas en ermite non plus), j’ai juste envie de calme, de solitude et d’un bon livre dans un coin chaud.

Est-ce que je continuerai à faire des salons ?

Je peux immédiatement répondre « oui » à cette question. D’une part parce que c’est aujourd’hui nécessaire, dans mon activité d’autrice, de me faire connaître par ce biais-là. De l’autre parce que j’ai pu faire de belles rencontres de cette manière (je pense aux auteurs et autrices que je retrouve régulièrement, aux blogueurs et blogueuses que l’on croise aussi, aux lecteurs qui me font des retours tellement chaleureux…) et que je n’ai pas envie de m’en priver. Je suis introvertie, ça ne veut pas dire que je n’aime pas les gens, juste que trop de monde, d’un coup, me fatigue.

Et je continuerai aussi parce qu’il faut savoir dépasser ses limites, sortir de sa zone de confort. C’est ça aussi, pour moi, être artiste. Ne pas se contenter de ce que l’on connaît par cœur mais prendre des risques et faire des expériences.

Et vous, de votre côté, comment vous vivez ces salons ? Ou votre vie d’introverti ?

Au fait, comme je suis toujours mille fois plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral, je vous rappelle que ma newsletter vous permet aussi d’échanger avec moi (en plus de recevoir des textes inédits et des petites gourmandises littéraires!). Inscrivez-vous 

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