Avant sa sortie le 8 juin chez Milan, vous voulez tout savoir sur le Contrat Dorian Gray (et comment le signer) ? C’est par ici que ça se passe…
Comment tout a commencé
Souvent, les lecteurs me demandent « mais où trouvez-vous toutes ces idées ? ». Moi, j’aurais plutôt envie de leur dire « mais où est-ce que je vais ranger toutes celles que je trouve ? ».
Bref, je raconte un peu, à la fin du roman, d’où cette idée m’est venue. Mais il y a deux parties à cette histoire.
D’abord, il faut me voir, en soirée, m’incruster près d’un groupe de vingtenaires puis comprendre, avec un temps de retard, que je pourrais être leur mère et que c’est pour ça qu’ils me regardent de travers. Oui, dans ma tête, j’ai toujours une vingtaine d’années et puis je n’avais pas d’enfant à cet âge-là donc je ne pourrais pas être leur mère d’abord, et puis en plus tout le monde me dit que je fais plus jeune que mon âge et…
Je suis sûre que vous avez déjà connu ces moments où la vie vous rappelle que, oui, vous avez vieilli (que ce soit dans les stars que vous voyez en interview et qui font vraiment moins jeune que dans votre souvenir ou dans les enfants de votre entourage qui ont pris 10 ans pendant que vous éternuiez).
Bref, alors qu’on ne cesse de parler de chirurgie esthétique, de se teindre les cheveux et de ceux et celles qui refusent de tricher ainsi sur leur apparence (oui, j’ai des rides et des cheveux blancs, et je le vis bien, merci), je me suis demandé ce que serait un monde où tout le monde aurait l’air d’avoir vingt ans.
Puis, alors que j’étais fatiguée après une petite soirée tranquille (ou pas), je me suis dit que ce serait quand même pas mal d’avoir la même énergie que quand j’avais véritablement 20 ans et qu’enchaîner une journée de cours après une nuit blanche ne me fatiguait que pour cette journée-là et pas les suivantes (spoiler alert : profitez-en, ça ne dure pas). D’ailleurs, maintenant j’ai le dos tellement en vrac que j’en demande un nouveau chaque année au père Noël et il ne me l’apporte pas (et je peux vous assurer que ce n’était pas sur ma liste de cadeaux quand j’étais jeune !).
Et c’est ainsi que l’idée du Contrat Dorian Gray est née : un procédé qui permet à tout le monde de garder l’apparence et l’énergie de ses 20 ans, je suis sûre qu’on serait nombreux à le signer ! (avouez… au moins pour l’énergie, non ?)
Dans l’histoire, il y avait aussi une plage
J’en étais là de mes réflexions quand je suis allée chez le coiffeur pour me faire teindre les cheveux en bleu ! Oui, je n’avais jamais rien fait d’aussi téméraire dans ma jeunesse, donc il me semblait que c’était un bon moment pour être un peu rock’n’roll.
Et là, en train d’attendre pendant que le produit posait, j’ai eu cette vision d’une maison en bois, sur la plage, et d’un homme en train d’y jouer de la guitare pendant que la nuit descendait. J’ai sorti immédiatement un carnet de mon sac et j’ai commencé à prendre frénétiquement des notes… Je tenais mon histoire !
Ok, l’univers est sympa, mais qu’en est-il des personnages ?
Une bonne histoire, ce n’est pas seulement un univers intéressant, ce sont aussi des personnages. Morane s’est très vite imposée à moi. Elle a 17 ans, elle vient de se teindre les cheveux en bleu (mmm, on se demande pourquoi ?) et elle est à une période de sa vie où elle hésite entre foncer et rester à l’abri. Dans ma tête, il a vite été clair qu’elle avait dû vivre des événements pas faciles, qu’elle était un peu blessée, mais malgré tout avec une vraie volonté de continuer à avancer, à y croire, coûte que coûte, même quand la réalité vient la frapper en pleine face.
Morane n’était pas seule. Elle avait un père, Lubin. Lubin, je le voyais à la fois séducteur et très sérieux, et tout aussi jeune qu’elle, du moins en apparence. Les contours de l’univers se précisaient aussi : dans cet univers un peu décalé, les parents devaient posséder un signe distinctif, afin de ne pas trop brouiller les pistes des générations. Sauf que Lubin, lui, ne présentait pas ces signes. Pourquoi ? Seul le reste de l’histoire pourrait le dire.
Venait enfin le troisième personnage principal. Je ne voulais pas que Morane vive cette aventure toute seule. Elle rencontre donc très vite Emrys. Le caractère d’Emrys s’est dessiné à travers son nom : je voulais un nom qui évoque les pierres précieuses, et Emrys est un dérivé du prénom Ambre. J’ai aussi apprécié son côté androgyne (ce peut être un prénom de garçon comme de fille), qui a aussi joué sur la manière dont ce personnage a évolué. Emrys, elle aussi, a un passif. Personne ne débarque ainsi à la porte d’une maison perdue et isolée sans raison. J’étais très attachée à elle, mais je me demandais si elle était vraiment digne de confiance. Un peu comme Lubin, quand il la rencontre…
À partir de là, il ne me restait plus qu’à dérouler l’histoire…
Que se passe-t-il dans Le Contrat Dorian Gray ?
Non, sérieux, vous voulez un résumé complet, là, tout de suite ? Ok, je vais vous donner les grandes lignes.
Au début du roman, Emrys débarque sans être invitée chez Morane et Lubin. Dans cette fameuse maison au bord de la plage. Morane sait que Lubin n’en a plus pour longtemps à vivre, et elle est heureuse de cette nouvelle compagnie. Elle le sera un peu moins quand des gens les agressent en pleine nuit puis kidnappent Lubin quelques jours plus tard. Morane n’a plus maintenant qu’un seul objectif : retrouver son père. Elle est prête à retourner le monde entier pour y arriver…
Voilà, je ne vous en dirai pas plus (enfin, juste un peu, quand même : peut-être bien que l’amitié entre Morane et Emrys pourrait devenir quelque chose d’un peu plus fort, peut-être bien aussi qu’elles rencontreront d’autres personnages, utiles ou non, au cours de leur périple…).
Pourquoi Dorian Gray ?
Là, c’est un peu plus facile de répondre. Si vous connaissez déjà un peu Oscar Wilde, vous aurez facilement reconnu l’allusion au Portrait de Dorian Gray.
Dans ce roman, pour ceux qui ne le connaissent pas, le beau Dorian Gray ne prend pas une ride. Il ne vieillit pas : c’est son portrait qui le fait pour lui ! Il assume aussi toutes les vilénies de ce personnage, qui cherche un peu trop à profiter de sa jeunesse.
Le Contrat Dorian Gray est donc un protocole qui met en pratique ce portrait : il empêche les gens de prendre l’apparence de leur âge (et certains en profitent aussi un peu trop…)
Et le message du livre, c’est quoi ?
C’est marrant, on me demande de plus en plus souvent s’il y a un message dans mes romans. Si vous me suivez depuis un moment, vous savez déjà que je suis attaché à ce principe « ne jugez pas les gens sur les apparences, sans les connaître ». Avouez qu’un monde où tout le monde a l’air d’avoir 20 ans est l’univers idéal pour explorer encore cette maxime, non ?
Sinon, le livre parle aussi des différentes manières de vieillir, et donc des choix de vie que l’on peut faire. Et ça aussi, c’est important pour moi. Morane et Emrys vont être confrontées à de nombreux chemins possibles, et leur opinion sur le sujet évoluera avec elle.
Ensuite, et sans l’avoir voulu, ce roman est en résonance avec ce qui se déroule actuellement dans notre société. Parce que, ce blocage du vieillissement, ce contrat Dorian Gray, a au départ été édicté pour diminuer les frais de santé et le trou dans la sécurité sociale. Et, pour encore plus de rigueur budgétaire, ses signataires acceptent de mourir à 70 ans, dans toute l’énergie de leurs 20 ans : plus de retraite à payer ou à financer pour eux. Tout au long de leur vie d’adulte, ils sont très productifs, puis s’arrêtent d’un coup, mais sans devenir une charge pour la société. Est-ce que ce livre serait aussi le rêve d’hommes politiques ? Peut-être…
Voilà, vous en savez maintenant un peu plus sur Le Contrat Dorian Gray. Est-ce que vous auriez envie de le signer si vous aviez le choix ?