Prendre confiance en vous
Vous préparer
Vous n’êtes pas seul

Des romans qui grandissent
Je vous avais parlé récemment des Drabbles, ce petit exercice d’écriture qui impose de rédiger une histoire en quelques lignes à peine. Pour y parvenir, il faut savoir être condensé, précis dans ce qu’on veut transmettre. Il faut aussi être capable de couper drastiquement dans son texte afin de n’en garder que l’essentiel.
Je sais à quel point cette particularité peut être compliquée pour les auteurs débutants. Vous avez envie d’écrire, de remplir des pages et des pages. Votre plume bave sur le papier et vous vous prenez pour des Balzac ou des Proust des temps modernes, qui ne savent plus quand il est temps de s’arrêter d’écrire.
Or, parfois, enlever des éléments superflus dans son texte permet de le rendre plus pertinent, plus recentré, et de captiver encore plus l’attention du lecteur.
Donc, ne vous laissez pas emporter par le flot de votre écriture. Pour le premier jet, oui. Pas pour la suite. Vous entraîner à composer régulièrement des textes courts, avec des critères très stricts, comme ceux des Drabbles, vous apprendra à vous concentrer sur ce qui importe réellement dans vos textes.
Les drabbles sont des exercices très personnels, même si des concours sont régulièrement organisés entre participants de cette méthode (essentiellement dans le monde anglophone… il y a peut-être quelque chose à faire de ce côté-là ici aussi ?).
En France, encore plus court que les Drabbles, il existe le prix Pépin. Il est trop tard pour participer à celui de cette année, mais vous avez un peu de temps pour vous entraîner.
Le prix Pépin, c’est quoi ? Un texte de science-fiction (oui, avec des extraterrestres et des vaisseaux spatiaux dedans, si vous les aimez) qui doit comporter moins de 300 signes, espaces compris. Oui, oui, vous avez bien lu ! Inutile de vous dire que c’est un exercice particulièrement difficile. Je m’y suis frottée cette année, et voilà les textes que j’ai proposés :
P { margin-bottom: 0.21cm; }
Je vous avais promis de vous parler du drabble il y a quelque temps déjà. Il était donc urgent de m’y mettre, car je sais que vous trépigniez d’impatience derrière vos écrans, prêts à me lancer des soucoupes entières pleines de thé refroidi pour fustiger mon retard.
Voici donc une petite technique qui peut aider à débloquer l’écriture, ou juste à s’échauffer la plume (ou le clavier, bien entendu).
Un drabble, c’est une courte fiction de seulement 100 mots. Elle doit raconter une histoire, avec un début, un milieu et une fin, en 100 mots exactement. (et c’est sans doute le moment où vous apprécierez les traitements de texte et leur comptage automatique de mots).
Cent mots, cela peut s’écrire extrêmement rapidement. L’aspect difficile, en réalité, c’est de contenir une histoire dans cet intervalle. L’exercice du drabble n’est d’ailleurs pas tout à fait identique selon la langue dans laquelle vous le pratiquez. Il paraît que c’est en cherokee qu’il est le plus facile de raconter une histoire avec peu de mots, mais je ne vous conseille pas pour autant d’apprendre immédiatement cette langue avant de vous mettre à écrire.
Les drabbles ne sont pas encore extrêmement connus dans le monde littéraire francophone, ils sont beaucoup plus développés outre-atlantique, où vous pourriez participer à des concours de drabbles, ou trouver des “prompts” (mots-clés, émotions, idées d’écriture… au choix) pour vous lancer.
L’avantage du drabble, c’est qu’il permet de se recentrer aussi sur son écriture, et de fournir un moment-clé par rapport à une émotion de vos personnages. Et aussi, je le répète, qu’il peut s’écrire très rapidement.
Juste pour le plaisir de l’écriture, voilà un petit drabble qui concerne un événement lié au personnage principal du roman que j’écris actuellement. Pour laisser le hasard en place (c’est là aussi le plaisir du drabble), j’ai pioché au hasard le mot “milk shake”. Voyons ce que cela donne.
Je savais que je perdais mon temps en m’attardant dans ce rayon. C’étaient les desserts qui me faisaient du mal. Personne dans le village n’aurait pu monopoliser les ingrédients nécessaires à leur préparation, à part le maire, peut-être. Je me demandais pourquoi ce livre n’avait pas encore été ôté de la bibliothèque. Je le craignais, alors je n’osais pas poser de questions sur les mets que je ne comprenais pas, comme sur cette boisson rosée qui se présentait dans un verre. J’aurais voulu savoir lire pour connaître le nom de ce dessert à boire. Sa vision me remuait complètement.
Comme vous le voyez, c’est extrêmement court. Un drabble de ce style donne plus l’impression de regarder par le trou de la serrure pour avoir une vision d’un court moment de la vie de son personnage. J’aime bien pourtant, pas vous ?
Pour raconter une bonne histoire, il faut… une bonne histoire (si, si, c’est un élément incontournable ! en tout cas pour moi : il existe des livres qui sont remarquablement bien écrits mais où il ne se passe rien. Ils ne font pas partie de mes préférés).
Il faut également des personnages intéressants. Après tout, ce sont quand même eux qui vont vivre l’histoire. Je vous ferai peut-être un jour la liste (non-exhaustive) de ce qui permet de rendre un personnage intéressant. Aujourd’hui, je vais juste vous parler de Mary-Sue (ou de Gary-Stu, son mignon petit cousin caché).
Une Mary-Sue, c’est un personnage que tout le monde va adorer détester. Vous savez, cette fille qui est presque trop belle pour être réelle, notamment grâce à un détail charmant (comme son regard violet changeant avec son humeur), qui a pourtant eu une enfance mystérieuse (ses parents sont sans doute des membres de la famille royale, assassinés sous ses beaux yeux violets, mais elle est obligée de le cacher) et qui a pour destin de sauver le monde. Et encore, si ce n’était que ça… Mademoiselle Mary-Sue porte le prénom que rêverait de porter son auteur (ou qu’il verrait bien ses enfants endosser), elle n’a qu’une seule manière de voir le monde même si c’est totalement incohérent par rapport à la vie qu’elle a vécu et, bien sûr, tout le monde est fasciné par elle et par ses pouvoirs particuliers (sans oublier ses yeux violets. Suivez un peu)…
En résumé, il s’agit donc d’un personnage peu crédible et irritant. Il existe même sur internet des tests (généralement en anglais) permettant de savoir si votre personnage correspond à ces critères. Ils sont beaucoup plus nombreux que ceux que j’ai listés ici, je vous laisserai donc vous faire votre avis en cochant vous-même les petites cases de celui-ci. (attention, il y a vraiment beaucoup, beaucoup de questions)
Le but du jeu est de savoir si votre personnage risque de déchaîner les foudres des critiques ainsi que les railleries pour ses défauts trop évidents.
Cela dit, si vous écrivez et que votre personnage principal atteint un très haut score à ce test, il n’est peut-être pas nécessaire de l’assassiner tout de suite à coup de touches “del” rageurs. Il semblerait que certains des personnages les plus connus de la littérature correspondent à ces clichés (on me murmure même que Harry Potter en ferait partie…). Vous avez tout à fait le droit de choisir un cliché comme personnage. Ce qui importe, c’est ce que vous allez faire avec lui.
Cela dit, avant de créer votre personnage, posez-vous les bonnes questions : pourquoi a-t-il cette apparence ? Et où voulez-vous l’emmener ?