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Auto-édités ou édités, tous ennemis ?

Ceux qui me suivent déjà depuis un moment savent que je me définis comme une autrice hybride. Mi-éditée, mi-indépendante, un être étrange à la frontière entre deux mondes. Je sais donc que non, tous les auto-édités ne crachent pas sur l’édition, pas plus qu’ils ne choisissent tous ce statut par défaut. Et si on faisait le tour de la question…
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Qui sont les auto-édités ?

Parmi les auteurs indépendants, il y a plein de parcours différents (oh, comme dans la vraie vie, en fait, c’est dingue).
On y trouve :

  • des auteurs et autrices qui ont envoyé leur manuscrit à des maisons d’édition, qui ont essuyé des refus ou en ont eu assez d’attendre des réponses et qui se sont décidés à prendre les choses en main ;
  • des auteurs et autrices qui ont déjà été édité.e.s, qui n’ont pas toujours été satisfait.e.s des relations avec leurs éditeurs, et qui préfèrent être libres (et si vous aussi vous criez dans votre tête « liberté » avec la tête de Mel Gibson peinturlurée en bleu, vous faites définitivement partie de mon clan) ;
  • des auteurs et autrices qui ont envie de faire des expériences (Stephen King l’a fait, Samantha Bailly en France plus récemment…).

Et cette liste est certainement non-exhaustive.

L’auto-édition, c’est pour les nuls, non ?

Humm, je suis désolée de devoir démolir des clichés (ah non, en fait !) mais, comme nous l’avons vu précédemment, un auteur auto-édité n’est pas uniquement le scribouillard de service qui a été refusé de partout et dont les textes méritent uniquement de servir d’exercices pour les écoles de correcteurs.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les maisons d’édition, aujourd’hui, scrutent les résultats des ventes des auteurs et autrices indépendant. e. s afin de leur racheter leurs droits dès qu’ils repèrent un succès.
Il y a de véritables perles dans l’auto-édition. Du travail de qualité. Mais je ne rédige pas cet article pour défendre cette idée, mais plus pour expliquer pourquoi certains deviennent leurs propres éditeurs. D’ailleurs…

Pourquoi choisir de s’auto-éditer ?

L’auto-édition, on l’a vu, c’est la liberté. Celle de choisir sa couverture, sa mise en page, son titre, la manière dont la communication sera faite autour de son ouvrage. Celle de ne pas devoir attendre (parfois en vain) qu’un éditeur fasse le boulot que vous attendez autour de son livre (comme la communication, la promotion, etc).
Et tout ça, croyez-moi, c’est un vrai confort quand on a un (petit) esprit d’indépendance.
Vous décidez. Vous commettez peut-être aussi des erreurs mais ce sont les vôtres, et vous apprenez à les réparer. C’est assez formateur, en fait, à condition d’être prêt à prendre des risques. Et puis, comme certains l’ont souligné avant moi : comme il y a moins d’intermédiaires, la part gagnée par l’auteur ou l’autrice sur son ouvrage est plus importante.
Oui, mais alors…

Pourquoi passer par un éditeur ?

Le fait d’être édité, aujourd’hui, et en France, apporte quelques petites choses de plus.
D’abord une certaine reconnaissance : les libraires, les prix littéraires, les salons, la presse et même encore une certaine partie du public continue à croire que seule l’édition traditionnelle a de la valeur. Comme un certificat de qualité qui serait alloué à un auteur dès lors qu’il est édité. Et, on ne va pas se mentir, ça compte aussi.
Il n’y a pourtant pas que cela. Un éditeur permet aussi d’apporter un regard de plus à un titre (quand il y a un vrai travail éditorial qui est fait, qui vous aide à polir encore votre texte), de ne pas être seul.e face à toute la machinerie que représente la sortie d’un livre (l’impression, la commercialisation, la communication). C’est bien aussi de savoir s’entourer. Pour les uns, ça rassure ; dans de nombreux cas, ça permet aussi de se sentir plus fort parce qu’on est plusieurs.
Pour mes titres jeunesse, je sais qu’une maison d’édition les défendra avec des armes que je n’ai pas. Et c’est aussi important pour moi de donner le maximum d’opportunités à ces titres. Même si j’ai du mal à lâcher la bride, à accepter de ne pas tout contrôler, à faire confiance…
Parce que c’est de cela qu’il s’agit, de savoir ce qui est le mieux pour un ouvrage en particulier, par rapport à son propre parcours. Tous les auteurs ne sauront pas se débattre face à la masse de charges que demande l’édition indépendante. Tous les auteurs ne sauront pas non plus se soumettre au diktat d’une tierce personne. Mais tous les auteurs veulent le meilleur pour leurs livres. Et qu’ils arrivent dans les meilleures conditions possible entre les mains des lecteurs.

Ne pas choisir, ce n’est pas un peu de la lâcheté ?

Il est vrai que certains auteurs finissent par passer d’un seul côté de la barrière. Ils ont été tellement déçus par leurs éditeurs qu’ils n’ont plus envie de tenter l’expérience avec d’autres. Ou, au contraire, ils sont trop heureux de pouvoir entièrement s’appuyer sur un éditeur et de ne plus rien avoir à faire d’autre qu’écrire (car oui, l’auto-édition demande beaucoup de temps sur des activités annexes).
Je sais que je continuerai à avoir des titres édités de manière traditionnelle et d’autres en indépendante. J’aime trop la liberté que cela me procure pour m’en passer définitivement. Et, pour moi, comme pour beaucoup d’autres auteurs et autrices, l’indépendance n’est pas un choix « par défaut ».
Je sais aussi que je continuerai à faire parvenir certains titres (pas tous) à des maisons d’édition. Et que je ne serai pas la seule non plus à agir ainsi. Je reconnais le travail des éditeurs, et je serais la dernière à le dénigrer. Et, comme je le disais, qu’est-ce que c’est bien aussi de s’entourer !
Il y a des avantages et des inconvénients à chaque statut. Et oui, vous l’aurez compris, je suis plutôt  team plateau de dessert que choix entre la tarte Tatin et la mousse au chocolat. Et vous ?
 
 
Photo by Hasan Almasi on Unsplash

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